Le Château de l'Aurore
Le château de l'aurore est un one-shot dessiné et scénarisé par Osamu Tezuka en 1959, durant ce que la préface de l'édition française de Cornélius, en rupture désormais, indique comme un "âge d'or" de Tezuka.
Synopsis :Au Japon, un seigneur décide de construire un château de style « anglais », sur commande du shogun Hideyoshi. Malgré l'opposition des habitants, les travaux commencent, mais plusieurs accidents se produisent, apparemment organisés.Dans le chantier flâne une ombre mystérieuse. Le fils du seigneur, Midori-maru, désigné comme ministre des travaux, jugeant finalement la construction stupide et inutile, quitte à jamais le domaine. Fuji-no-suke, qui a gagné la confiance du seigneur, lui succède, tandis que Yayoi tente de trouver le responsable de la mort de son père, ministre des affaires générales, tué au cours des travaux. (source
Sens Critique)
Mon avis :Si le style de Tezuka s'inspire principalement, dans sa forme comme dans ses thématiques du style américains à la Disney, ou des thématiques plutôt occidentales comme la SF avec Astro, il aura toujours su les teinter de sa vision des choses, et de son humanisme presque naïf.
Mais a mesure qu'il gagnait en expérience et en renommé, Tezuka s'inspira de moins en moins de disney, afin d'affirmer son style, et de puiser d'avantage dans des histoires et des thématiques prenant place au Japon, au moyen age, et se basant sur le folklore japonais, c'est le cas de Hato, toujours plus haut, de Sarutobi, et bien sur, du château de l'aurore.
Cela dit, si Tezuka gagne en identité, s'affirme bien plus graphiquement, avec un trait toujours aussi merveilleusement maitrisé, forçant le respect, avec un découpage toujours cinématographique mais qui gagne en fluidité, faisant de cet ouvrage, comme tous ceux venant après cette période, un régal pour les yeux, si bien sur on est un peu sensible aux tendances rétro qui teintent forcément cette époque.
Tezuka s'affirme donc, il évolue. Bien sur il ne change pas de façon radicale, et ne bouleverse pas ses thématiques, tournant toujours autours de la nature humaine, mais qui toutefois deviennent avec cette période, bien moins naïves, toujours aussi romantiques, mais presque désabusées, car là ou ses précédentes histoires pour enfant terminait merveilleusement bien grâce à des Deus Ex Machina assez gros, cette histoire si s'achève en demi-teinte, de façon à la fois très émouvante, pleine d'espoir, mais également assez triste ! Il ne bouleverse pas non plus sa façon qu'il a de raconter ses histoires, et n'oublie jamais la nature de son public, qu'il sait jeune, mais qu'il n'infantilise pourtant jamais, n'hésitant pas à parler de complots politiques, de périodes historiques sombres ni de montrer la mort ou la folie, mais qu'il ménage tout de même sans jamais surcharger ses histoires de cadavres et de violence, comme pourrait l'être bien plus tard Ayako, ici si les morts sont bien présent, ils ont lieu hors-champs, ou alors sans détails, et Tezuka veillera toujours à garder un ton relativement comique durant tout son récit.
C'est globalement la maitrise du récit dont fait preuve Tezuka avec ce titre qui nous marque. La maitrise du dessin d'une part avec une économie de trait et pourtant une pléthore de personnages différents, variés et reconnaissables, une maitrise du découpage avec des plans, littéralement, très cinématographique par moment mais jamais à outrance, comme pouvait parfois l'être certains de ses précédents panneaux, mais une maitrise du scénario, qui parvient à s'adresser à de multiples publics en même temps, à tous les concilier et qui fait ainsi passer un message simple, assez émouvant et loin d'être simpliste.
Un véritable exemple de volume bref, mais parfaitement exécuté, Tezuka nous montre dès les années 60 qu'il est bel et bien "le dieu du manga" !
4.5/5