Rainbow

Sujet: Rainbow Ven 13 Nov 2015 - 14:24

Rainbow
de Kakizaki Masasumi (dessin) et Abe George (scénario)

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Résumé / Synopsis :

Anchan, Mario, Heitai, Kyabetsu, Suppon, Joe, Baremoto...
Sept vies brisées avant d’avoir réellement commencé... Sept jeunes qui vont devoir partager la même cellule dans une prison pour mineurs. Laissés pour compte d’une société japonaise des années 50 en pleine reconstruction, ils partagent le même rêve, celui de retrouver un jour la liberté. Ils attendent qu’une lueur d’espoir apparaisse dans ce monde carcéral ténébreux, comme un arc-en-ciel qui surgirait après la pluie.
(Source : Manga-news)

Avis :

Je ne vais pas vous parler cette fois d'une nouvelle série mais plutôt d'une série qui ne cesse d'être rééditée et qui mérite que l'on s'attarde à son sujet. Pourquoi ? Car c'est une véritable série coup de poing comme on en trouve peu, mais alors vraiment peu pour un tel gabarit.
Oui, j'utilise des termes certes un peu fort, mais c'est l'impression que nous offre la série à sa lecture : des impressions fortes, des sentiments forts, une détermination inébranlable et dure, une série particulièrement suffocante à certains niveaux.

A ce titre, je ne la conseillerai pas aux "âmes sensibles" dans le sens où on est en immersion totale du début à la fin : la narration y joue pour beaucoup, mais pas que. Le dessin est extrêmement déstabilisant : à la fois beau et cruel, à la fois doux et difficile, et surtout très nerveux.
En fait, ce n'est véritablement pas une série pour "chochotte", pardonnez-moi ces propos mais c'est la vérité. Je me suis sentie plusieurs fois en train d’agripper frénétiquement mon tome, à en tourner les pages aussi de façon presque enragée, à retenir mon souffle à de multiples fois et à insulter moi-même l'un des protagonistes de la série. Oui, cette série vous percute, tel un uppercut lancé à pleine vitesse.

Mais afin d'en comprendre les tenants et aboutissants, laissez-moi vous la décrire un peu, le reste, seul vous-même pourrez vous en faire une opinion viable et à ce moment-là si vous souhaitez en débattre je le ferai avec un plaisir non dissimulé.

Tout d'abord, comme je l'indiquais, la série en est à sa troisième réédition chez nous. Et c'est de cette dernière que je parlerai en détails.
La première édition est sortie chez Kabuto à l'époque, en 2005, et n'avait pas pu être éditée en entière, faute à l'éditeur qui avait fait faillite. Résultat, les fans n'avaient eu que 13 volumes sur 22 à se mettre sous la dent.
Mais qu'à cela ne tienne, Kaze (actuelle détenteurs des droits) réussit à acquérir les droits et à ressortir la série en s'inspirant des couvertures de l'époque, en plus moderne (plus coloré tout du moins), à partir de 2010. Je crois me souvenir qu'à ce moment-là, l'éditeur les sortait déjà trois par trois afin d'arriver rapidement au 13e volume, et ensuite offrir la fin de la série. Mais voilà, le faible tirage, et la non réimpression des tomes a fait que la série s'est retrouvée rapidement avec des introuvables.
Entre temps, Ki-oon sortit une autre série du dessinateur Masasumi Kakizaki avec Green Blood, relançant ainsi la folie autour de ce dernier. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on accueille la dernière édition en date de Rainbow.

L'édition ultimate dont j'ai mis la couverture du premier volume en tête de la fiche.
Un tome représente ainsi trois tomes de l'ancienne édition. Ce qui est vraiment nécessaire tant la fin d'un tome est à couper le souffle, et parfois vraiment très frustrante. La fin de celui-ci ne fait pas exception, et je n'ai qu'une hâte : que le prochain volume, prévu pour décembre, sorte rapidement ! Dans tous les cas, cela ne fera donc plus que sept volume au total contre les vingt-deux initiaux, pour un prix en plus très compétitif.

Pour le reste, en terme technique : pas de couverture souple, avec possibilité de la retirer, seul petit bémol peut-être à cette réédition. Donc tout est cartonné. Deux couleurs dominantes sont utilisées sur la couverture : le rouge et le sépia (enfin une sorte de jaune/orange), ce qui permet de souligner le dessin qui intrigue et marque dès le premier regard.
Le fait de compiler trois tomes ne choque pas, car le format ressemble au format d'un manga classique sur le marché (ceux à 7,90 ou 8,90), du coup il est assez facile à prendre en main, et à manœuvrer.
Des pages couleurs parsèment chaque début de volume, ce qui est fort appréciable et le papier est de bonne qualité. Niveau qualité/prix, je n'ai rien à y redire (14,99€).

Ensuite l'histoire.
C'est une véritable bombe à elle-seule.
On suit le quotidien de sept jeunes, qui suite à divers larcins plus ou moins critiquables, se retrouvent en maison de redressement pour jeunes (à voir ici plutôt un terme se rapprochant de la prison) afin d'y purger une peine d'environ un an, un an et demi pour les plus téméraires. Ils vont y faire la rencontre de leur huitième compagnon de cellule, un compagnon qui leur apprendra le véritable sens de l'amitié, la détermination, mais l'espoir aussi.
Et ce ne sera pas de refus dans un Enfer pareil, car ils se trouvent bien tous en Enfer. Derrière ce terme se cache en fait les pires des bassesses : entre certains gardes qui vont au-delà de leur fonction, le médecin de l'infirmerie peu recommandable et peu clean, les conditions déplorables dans lesquelles ces jeunes vivent et le fait qu'ils doivent se confronter à la dure réalité qui leur fait face... On peut dire que rien ne leur est épargné : ni les règlements de compte, ni les brimades ni les tortures...

Cette histoire est d'autant plus percutante qu'elle est tirée d'une "histoire vraie", dans le sens où le scénariste est passé par ces maisons de redressement. A travers ces jeunes, il raconte certaines situations qui lui sont arrivées, et d'autres qu'il aurait plutôt souhaiter voir à l'inverse. Il critique par là-même, le gouvernement japonais de l'époque, qui, parce qu'il peinait à se reconstruire après la seconde Guerre, envoyait ses propres jeunes, ses "délinquants" (là encore ce terme est critiquable pour quelques-uns), dans de petites prisons, gérées par des mecs pas forcément très fiables et au dévouement parfois douteux.
En somme, cette série montre certains travers de la société japonaise de l'époque, mais aussi, sur ces fameuses maisons de redressement dont on a très peu parlé, et dans lesquelles, plus que les délinquants, on envoyait beaucoup d'orphelins.

Ajouter à ce scénario un dessin pour le moins nerveux et vous avez un uppercut.
Le dessin sert à merveille l'histoire, si ce n'est même la sublime. On acquiesce, on sert les dents, on retient son souffle : on passe par toutes les émotions même les grimaces.
Et on se prend à prendre en affection ces huit jeunes qui cherchent avant tout à survivre en gardant leurs rêves pour eux, et leurs personnalités. Une belle amitié, détonante et étonnante dans un tel lieu mais nécessaire.

Bref. Franchement, foncez.