Le Chien Gardien d'Étoiles

Mon avis: Le chien gardien d'étoiles est un récit qui commence par la fin, avec la découverte de deux corps dans un voiture abandonnée, au fin fond d'un champ: celui d'un homme dont la mort remonte à plus d'un an, et celui d'un chien qui semble lui avoir survécu bien plus longtemps, avant de rendre son dernier souffle près de son défunt maître. Comment en sont-ils arrivés là...?

L’œuvre de Takashi Murakami nous fait revivre en accéléré la vie de ce père de famille, qui a connu de furtives joies et de nombreux déboires.
L'intrigue se mue en chronique du quotidien, entre le noyau familial qui explose, les difficultés professionnelles, les problèmes de santé... Au final, avec cette succession de malheurs, l'angle de vue est donc plutôt sombre, d'autant plus qu'il est tristement coloré par la tonalité de cette fin que l'on connaît d'avance.

Malgré tout, la narration conserve un ton enjoué et léger, principalement grâce à la présence du chien nommé Happy, fidèle compagnon du héros, à l'humeur joueuse et à la présence réconfortante.
Agissant comme le véritable héros du récit grâce à une narration subjective, le chien de "Papa" nous émeut presque plus que son maître, et le mangaka parvient à nous transmettre un joli message au détour de son histoire, sur l'amitié sincère unissant un homme et son animal de compagnie, qui finit par être bien plus que cela. A travers ce lien, l'auteur développe un thème fort et qui lui est cher, comme il le précise dans sa postface.

Dans une seconde partie, le pèlerinage d'un assistant social vient en écho à la première histoire, avec une ambiance plus vivante, grâce à un personnage dont on suit le regard plein de bienveillance, et qui cherche désespérément à combler ses propres regrets.
Enfin la boucle est bouclée lors des dernières pages, avec un épilogue bref de quelques cases sur l'avenir des principaux personnages secondaires.

Avec des graphismes et un découpage des planches très simples, le coup de crayon de l'auteur transmet une expressivité brute au service des sentiments qu'il dépeint. On ressent une certaine poésie dans les cadrages, à l'image de la pimpante couverture fleurie de tournesols. Le titre porte lui aussi un message poétique touchant, le "chien gardien d'étoiles" étant une métaphore de ce que l'on ne peut atteindre.

L'édition de Sarbacane est soignée, avec une couverture cartonnée sans jaquette amovible, une impression de bonne qualité, et un format plus grand qu'un manga classique, ce qui ne justifie cependant peut-être pas tout à fait le prix plutôt fort de ce one-shot.

Récit "tranche-de-vie" ancré dans un Japon contemporain, Le chien gardien d'étoiles nous propose une histoire douce-amère touchante, malgré sa double issue peut-être trop tragique et moralisatrice pour pleinement nous émouvoir.